Le Wing Chun est un terme encore assez méconnu en France. Il n’est pas rare, lorsqu’on le pratique, d’avoir à expliquer en quelques mots ce qu’est le Wing Chun à une personne qui nous interroge sur les activités qui occupent nos vies. Être bref est possible mais on occulte alors tout un tas d’éléments essentiels qui permettraient à cette personne de concevoir le Wing Chun autrement que comme un simple sport de combat ou une méthode de self défense. D’un autre côté, aujourd’hui, si en société, nous entrons dans des explications trop longues teintées de philosophie, ou même de spiritualité orientale, nous prenons le risque de devenir ennuyeux et de passer pour le « hippie New Age » du coin. Il est parfois difficile de trouver un bon compromis entre la vulgarisation et l’exposé scolaire. Néanmoins, si l’on a devant soi des personnes dotées d’un réel intérêt pour nos dires, munies de facultés d’écoute, de concentration et de compréhension, il est possible, avec quelques repères structurels précis, de présenter le Wing Chun dignement en quelques minutes.
Le Wing Chun est un art martial Chinois qui aurait (je choisis ici volontairement le terme « aurait » impliquant une supposition, car il faut toujours se méfier avec les affirmations historiques, surtout lorsqu’elles sont d’origine chinoise) été élaboré dans le sud de la Chine au XVIIIème siècle. Spécialement conçu techniquement majoritairement pour la gestion des distances de combat courtes (c’est-à-dire lorsque les avant-bras des deux combattants peuvent entrer en contact), le Wing Chun a été popularisé par Bruce Lee dans les années 70 et plus récemment, par les films qui ont été inspirés de la vie de son Maître Yip Man que l’on considère comme le dernier grand Maître du style.
C’est un terme cantonnais que l’on traduit généralement par « printemps radieux ». Il aurait, selon la légende qui accompagne son apprentissage, été donné à l’art martial en question par un homme (Leung Bok Sau) en hommage à sa défunte femme nommée Yim Wing Chun. Cette jeune femme est considérée comme l’héritière des enseignements d’une nonne bouddhiste « combattante » échappée de l’incendie du temple Shaolin par les Mandchoues. Le couple aurait œuvré à maîtriser et structurer ces connaissances jusqu’à la mort prématurée de la jeune femme. Son mari aurait alors assuré la transmission de leur art en le désignant par le nom de Wing Chun.
Idéalement, par l’intermédiaire d’un enseignant qui peut attester d’un lignage qui le relie à un Maître reconnu. Cela garantit une tradition, un savoir-faire, une richesse et une authenticité des enseignements (Un diplôme de stage avec un Maître n’atteste pas que l’on est apte à enseigner. Cela atteste que l’on a croisé un Maître à l’occasion de quelques heures que ce dernier a consacrées à la présentation d’un thème. Seule la reconnaissance officielle par un Maître et par son école est garante d’une certaine capacité à transmettre). Le Wing Chun s’étudie soit dans une école, soit au moyen de séances privées avec l’enseignant. Parallèlement, une grande part de travail s’effectue également seul, ou avec un partenaire d’entraînement. Le livre est aussi un support souvent utilisé. Certains professeurs permettent aujourd’hui à de nombreuses personnes qui n’ont pas la chance de bénéficier d’une école proche de chez eux, d’accéder à des formations en ligne. C’est tout à fait louable lorsque cela est bien fait et n’a pas comme unique volonté de constituer un support promotionnel. Cependant, l’étudiant qui se formera par ce biais ne pourra pas bénéficier des corrections et des ressentis apportés par un professeur. Il sera alors sage de participer régulièrement à des stages car il s’avère essentiel de se nourrir des sensations que procure la justesse face à des personnes expérimentées.
Bien que le Wing Chun soit l’art martial Chinois le plus pratiqué dans le monde, il est encore assez peu divulgué en France. Il faut parfois faire une centaine de kilomètres pour trouver une école dans notre pays. Cependant, la France dispose de quelques enseignants exceptionnels qui, bien qu’ayant des personnalités et des manières différentes d’aborder l’art, proposent tous une matière constructive et surtout, forment de plus en plus d’élèves compétents. Il y a donc de fortes chances que dans un avenir proche, il soit beaucoup plus facile de trouver une école sérieuse de Wing Chun dans notre pays. Il faut également ajouter à cela le fait que de nombreux grands maîtres étrangers viennent enseigner régulièrement chez nous. Il est donc possible de se former au contact des meilleurs par l’intermédiaire d’échanges occasionnels mais réguliers.
Toutes les personnes, hommes ou femmes qui, à partir de 13-14 ans, souhaitent travailler sur elles-mêmes pour s’améliorer ou encore se renforcer (bien que ce dernier terme ne soit pas forcément le plus significatif en fonction de notre conception de ce qu’est un être humain fort) en suivant une voie martiale traditionnelle Chinoise, c’est-à-dire un long parcours graduel d’études et d’entraînements puisant leurs racines dans le pilier de la culture Chinoise que constituent les Arts Martiaux. Cette voie fait office de chemin initiatique pour celui qui l’emprunte dans le sens où elle lui permet de comprendre et d’expérimenter, dans le contexte de l’exercice au combat, les grandes lois qui régissent notre univers. Le Wing Chun demande certaines capacités rarement totalement présentes chez les enfants de moins de 13 ans (et cela ne va pas en s’améliorant avec l’abrutissement technologique auquel les nouvelles générations sont soumises) : capacités d’organisation dans l’espace, de coordination motrice, d’assimilation de consignes verbales ou gestuelles, d’autodiscipline, de résistance à l’effort physique, de volonté, de courage, d’assiduité, de régularité, de persévérance, de patience et d’intégration. Il demande également que l’on ait la volonté d‘étudier une science théorique riche et un registre technique subtil qui exclut l’emploi prioritaire de la force physique et, par conséquent, qui refuse la stratégie de pure opposition (bref, les personnes cherchant à satisfaire un tempérament violent et dominateur peuvent s’abstenir).
Essentiellement du temps et de la sueur. Bien entendu il faudra payer vos cours donc il devra y avoir également un investissement financier. Cependant, le travail d’assimilation des leçons que vous serez capable d’effectuer seul vous fera économiser pas mal d’argent.
Parce que l’art est un support d’expression pour l’âme et c’est bien ce que le Wing Chun est. L’âme est la partie de vous qui n’est pas souillée par votre égo, c’est-à-dire par la somme de toutes les mémoires auxquelles vous vous identifiez : le nom qu’on vous a donné, votre éducation, votre culture, les rôles que vous prenez dans la vie par exemple (le mari, le père, le professionnel, le copain, la victime, le malade, etc.), vos croyances, vos blessures, vos expériences… Un art vous permettra de mieux vous connaître au-delà de toutes ces mémoires car il vous soumettra à des lois d’organisation physique et psychique universelles qui permettront à votre conscience de s’expandre en perçant l’épais voile qui la recouvre.
Brice AMIOT pour A.M.E.S.