Les formes dans le Wing Chun
Aujourd’hui je souhaite aborder le thème des formes dans le WING CHUN et, par extension, celui des niveaux d’étude.
Pour l’art martial traditionnel qu’est le WING CHUN, une forme est un enchaînement de mouvements qui peut être réalisé à mains nues, avec des armes ou encore avec un autre outil de formation et de correction comme le mannequin de bois ou l’anneau de rotin.
Cet enchaînement est censé justement contenir l’essence d’un niveau d’étude du système. On doit y trouver des techniques martiales basiques ou supérieures, des principes stratégiques, des rouages mécaniques, des outils de construction de la constitution physique, une organisation géométrique, symétrique et numérique ainsi que des méthodes destinées à développer et à employer un certain flux d’énergie vitale au service des actions menées.
Je mets de côté, en tout cas pour mon art, les définitions qui désignent les formes comme des combats imaginaires car les structures rigoureuses qu’elles adoptent excluent totalement le caractère intuitif, désorganisé et spontané que revêt un combat. À mon sens, les formes doivent être davantage considérées comme des enchaînements de manœuvres mécaniques et énergétiques qui, par la répétition, construiront des facultés essentielles pour la pratique.
J’insiste sur le fait qu’une forme est intimement liée à son niveau d’étude. Elle en est la représentante. Cela signifie que chaque action de la forme renferme un ou des enseignements spécifiques qui doivent être décortiqués théoriquement par le professeur et faire l’objet de mises en situation au sein d’exercices effectués seuls ou avec un partenaire. Ainsi l’exécution régulière d’une forme améliore nos capacités à appliquer le système au sein des éducatifs, des applications codifiées ou du combat mais cela fonctionne également dans l’autre sens car plus nous répétons les mises en situations, plus l’expression de notre forme s’affine. Un expert peut facilement juger du niveau de compétences d’un pratiquant en regardant l’une de ses formes. Au fur et à mesure de la progression d’un étudiant, ses formes se teintent des subtilités qu’il développe. A chaque fois qu’il assimile un niveau supérieur, les formes inférieures s’enrichissent de ses nouvelles compréhensions et aptitudes.
Ainsi, en WING CHUN, lorsqu’un étudiant a travaillé longuement et validé le niveau CHUM KIU, c’est-à-dire le second niveau d’apprentissage, l’exécution de sa forme de premier niveau, le SIU LEEM TAU, est automatiquement plus riche car il est inévitablement agrémenté de cette maturité de pratique acquise par l’assimilation du second niveau.
Une forme doit faire l’objet de plusieurs étapes de conscientisation.
Le WING CHUN compte six formes et sept niveaux d’apprentissage.
La première forme du système se nomme SIU LEEM TAU, terme que l’on traduit souvent par « petite idée » mais dont la signification est bien plus subtile puisque chaque idéogramme peut être interprété avec des précisions capables de nous aiguiller vers le sens profond de cette forme dont la fonction est de poser les fondements de ce que l’on appelle la structure personnelle. De ce fait, le SIU LEEM TAU est la forme la plus importante du système. Maître HO KAM MING disait à son sujet que s’il ne fallait pratiquer qu’une seule forme en Wing Chun, il faudrait que ce soit celle-là. Il y a donc un non-sens à la nommer « petite idée » en imaginant en plus, qu’elle n’a qu’une fonction introductive aux rouages du système. Non ! Le SIU LEEM TAU est fondamental et pour qu’un édifice puisse monter haut, ses fondements doivent être profonds et solides. Et puis, si on regarde la terminologie du Wing Chun avec un peu de recul, on observe de nombreux jeux de prononciations qui nous amènent à entendre un mot derrière la consonance d’un autre. Une suggestion habile est ainsi faite par une manipulation non hasardeuse des sons. Ce procédé est couramment employé dans les transmissions initiatiques. C’est le cas pour le terme SIU LEEM TAU et je vous invite à vous amuser à débusquer le petit jeu de sons qui relie le Wing Chun à ses racines.
Le SIU LEEM TAU représente donc le premier niveau de pratique du Wing Chun et comme je vous l’ai dit, ce niveau est dédié au travail de la structure personnelle. La structure personnelle, c’est votre construction physique et technique individuelle. Ce qui vous appartient et qui n’implique pas la gestion d’un partenaire ou d’un adversaire. Avant d’espérer maîtriser l’autre, vous devez vous maîtriser vous-même.
Cela englobe la condition physique, la justesse et la propreté gestuelle, la coordination de vos techniques entre elles, l’amélioration de la circulation, de la qualité et de la quantité d’énergie vitale en vous, ainsi que sa mise en circulation consciente dans un réseau de grand canaux nommés « merveilleux vaisseaux ». Plus important encore, la structure personnelle implique un essentiel travail sur la vertu car la question que l’on doit se poser à cette étape est « que dois-je travailler pour être digne de rencontrer l’autre ? ». Il faut bien comprendre que le Wing Chun enseigne l’harmonie et non l’opposition. L’harmonie avec l’autre, que cela soit dans le cadre d’un échange martial ou de tout autre échange, ne pourra s’établir qu’à partir de certaines conditions. La vertu en est une. L’humilité, le respect, l’altruisme, la générosité, la bienveillance, la droiture, la justesse ou encore la capacité à être de digne de confiance sont par exemple – et cela est du pur bon sens – des vertus qu’il est essentiel d’incarner si l’on souhaite établir une relation harmonieuse avec quelqu’un mais il faut également être capable d’écouter l’autre, d’être ouvert au fait que chacun agit à partir d’une mesure qui lui est propre et que personne n’est à même de juger ou d’imposer une vision personnelle des choses. L’échange ne devient possible que lorsque l’on part de ce principe et l’harmonie naît quand plusieurs personnes totalement différentes sont capables d’accorder ce qu’elles sont pour faire du fruit de leur rencontre, un élément enrichissant. Le Wing Chun se veut être une expression martiale du symbole YIN YANG. Il place l’écoute au centre de sa stratégie. La perception des forces au contact du pont, c’est-à-dire de l’avant-bras adverse doit entraîner une volonté d’y adhérer et de suivre ces forces tout en les empruntant afin de nourrir nos propres réponses. Lorsque deux combattants parviennent à réaliser cette dimension harmonieuse dans le cadre de leur échange, le flux d’énergie qui se dégage de l’unité qu’ils forment, de l’extrême degré de maîtrise et de concentration qu’ils témoignent ne peut que les amener à entrer dans une zone ou la conscience se déploie dans le moment présent. Leur champ de perception des informations s’expand et de ce fait, leur réalité aussi.
À l’heure où le WING CHUN est considéré comme un simple système de self-défense et non un support vivant de transmission de philosophies, il est courant de voir les pratiquants négliger totalement la structure personnelle. Par volonté d’être capable de gérer un conflit physique, par besoin d’avoir ou de donner l’illusion d’être à même de dominer avec style un assaillant déterminé à nous nuire, par paresse d’accomplir les longs et rigoureux travaux d’affinage et de renforcement de l’être, par désintérêt envers la tradition de l’art, envers les vertus et les valeurs humaines, par manque de connaissances théoriques, de bon sens ou de subtilité, les adeptes du Wing Chun de notre monde moderne ont une structure personnelle bien souvent désastreuse.
La seconde forme du Wing Chun se nomme CHUM KIU, terme que l’on traduit par « chercher le pont ». Cette traduction sous-entend qu’à ce stade, nous étudions la structure appliquée. Chercher le pont, c’est chercher à établir un contact entre notre avant-bras et celui de l’adversaire car c’est à partir de cette configuration que le système pourra être appliqué. Le pont est la dimension qui justifie les rouages du système. De ce fait, tout ce qui aura été vu au niveau de l’étude de la structure personnelle devra ici, être mis en relation avec les actions d’un partenaire dans le cadre d’un échange martial conventionné. Après le un, vient donc le deux pour former le trois, le trois désignant un échange martial parfait selon les critères du système. C’est également au niveau CHUM KIU que les techniques de jambes et les techniques de coudes apparaissent mais aussi de nombreux principes comme les lignes d’attaques et de défenses ou encore la ligne centrale horizontale. Le jeu de jambe y est particulièrement affiné en lien avec les rotations et la puissance des pivots de hanche et les premiers cycles d’éducatifs se font connaître.
La troisième forme du système se nomme MOOK YAN JOANG FOT YUT LING BOT : « les 108 techniques au mannequin de bois ». Elle est divisée en deux parties. L’étude des 60 premiers mouvements s’étudie au troisième niveau de l’apprentissage de l’art, les 48 restant s’apprennent au cinquième niveau, c’est-à-dire après avoir validé les connaissances attachées à la forme BIU JEE. Le mannequin de bois est un outil de correction de la structure personnelle et de la structure appliquée. Il améliore les angles d’exécution des techniques, les déplacements, la coordination des gestes entre eux, les distances de positionnement. Sa constitution traditionnelle nous donne une parfaite compréhension des géométries d’alignements qui sont à même d’absorber ou de transférer des forces appliquées. Sa rigidité nous contraint à davantage de souplesse d’exécution. Pour faire rebondir le lourd tronc central, il convient de ne pas frapper le mannequin de bois au moyen d’une force brute isolée mais bien d’être capable de transférer des ondes de choc profondes émises au moyen de l’unité corporelle. L’étude du mannequin est accompagnée d’un perfectionnement du jeu de jambes au moyen des MUI FA JOANG, ou poteaux fleurs de prunier et d’un perfectionnement du jeu de bras à l’aide du JOOK WAN, l’anneau de rotin. Il est évident que le travail au mannequin de bois détient le pouvoir de renforcer la densité des os des avant-bras mais ce n’est pas sa priorité. Sa priorité est de corriger l’ensemble des aspects mécaniques déterminants pour véhiculer efficacement l’énergie issue d’une intention forte. Cette troisième étape est une étape d’affirmation des connaissances du système. On y perfectionne énormément les éducatifs et les mains collantes.
La quatrième forme du système est la forme BIU JEE que l’on peut traduire par « doigts jaillissants » ou encore « transperçant ». Cette forme introduit la fin d’un enseignement de type général au profit d’un enseignement plus intimiste avec son professeur. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à ce stade, les éléments apportés sont théoriquement et techniquement plus profonds. L’élève doit avoir mérité de les recevoir par son assiduité et son engagement. Il doit également être prêt à recevoir de lourds bagages comme la transmission de la science des points vitaux, la médecine chinoise ou encore certaines théories que l’on pourrait qualifier « d’ésotériques ». Il faut savoir que le niveau BIU JEE est majoritairement consacré à ce que l’on appelle le « contre-système » c’est-à-dire aux techniques d’urgence à effectuer lorsque le Wing Chun, appris jusque-là, ne peut s’appliquer.
C’était autrefois un grand privilège de recevoir l’enseignement de BIU JEE lorsque cette forme était l’héritage d’une lignée d’hommes et de femmes investis de la volonté de transmettre une authentique tradition riche de connaissances. Seuls les élèves animés par une profonde quête de savoir et de sagesse pouvaient espérer voir s’ouvrir devant eux les portes de ce quatrième niveau d’apprentissage du Wing Chun. Non pas parce que ce niveau renfermait des secrets inavouables au tout venant, mais parce que la somme d’éléments de tous types qu’il rassemblait nécessitait beaucoup de qualités pour être comprise, digérée et mise en pratique. Le proverbe « on ne donne pas des perles aux pourceaux » est parfaitement adapté pour étayer cette idée que les professeurs ne souhaitaient pas, à cette étape, gaspiller du temps et de l’énergie à enseigner des subtilités à ceux qui n’étaient pas en mesure de les comprendre, de les apprécier, de les sublimer et de fournir les efforts pour en assurer l’intégration et la transmission.
J’en profite ici pour faire une parenthèse sur la notion de secret dans les arts martiaux. De nombreuses écoles se vantent encore de détenir des secrets de Maîtres entretenant ainsi une espèce d’aura mystérieuse susceptible d’attirer les novices crédules et suffisamment faibles psychologiquement pour penser qu’il existe encore, dans les écoles martiales modernes devenues des clubs de sport, des savoirs aussi précieux que dangereux dont personnes ne soupçonnerait l’existence à part, bien entendu, les « Maîtres » de ces écoles et leurs élèves les plus méritants. Quel bel argument commercial que celui de prétendre détenir des secrets. Bien entendu, au sein de ces écoles, ceux qui ont reçu ces pseudos secrets bénéficient automatiquement d’un statut de demi-Dieux aux yeux des autres élèves et leur ego étant ravi, ils entretiennent un mythe qui les maintient dans cette jouissive position d’Êtres supérieurs. À ce stade, ils deviennent inconsciemment les premiers agents commerciaux de l’école. À mon sens, à l’heure où tous les plus grands savoirs scientifiques, ésotériques, philosophiques, spirituels, techniques, psychologiques, ou encore médicaux sont très facilement accessibles en un rien de temps par l’intermédiaire du net, plus rien ne peut constituer un réel secret dans une école d’Arts Martiaux.
Le seul secret réel valable pour n’importe quelle discipline se résume en un mot : TRAVAIL.
On peut vous donner les plus grands savoir ou les plus grandes méthodes, si vous ne passez pas des années à les étudier, à les mettre en pratique, à les répéter, à échouer, à recommencer, à les méditer… vous n’en obtiendrez aucune transmutation, aucun pouvoir. Dans nos sociétés de consommation, tout ce qui constituait autrefois un secret pour une école d’arts martiaux peut être aujourd’hui largement révélé car ce qui faisait sa valeur résidait dans le fait que c’était un enseignement rare qui ne pouvait donner des fruits qu’avec du travail et du temps. Le temps, les gens n’en ont plus, trop occupés à servir le système qui les asservit et les efforts ne trouvent plus de sens dans un monde encourageant la léthargie et la dépendance à grand coup d’assistanat systématique.
Si vous êtes un chercheur de vérité avide de secrets, laissez-moi vous livrer ceci. Mes 40 années d’étude des arts martiaux m’amènent à penser qu’il n’y a aucun secret à chercher à l’extérieur de nous-même. Nous avons en nous quatre grands trésors : la capacité de penser, la capacité de ressentir, la volonté et le pouvoir de créer en posant des actes. Si nous parvenons à maîtriser ces quatre éléments et à les accorder, nous reprenons le contrôle de nos vies et en devenons cocréateurs. Voilà ce qu’est censé vous révéler l’étape centrale d’un apprentissage traditionnel digne de ce nom. Pour les chercheurs de vérité, aucun secret ne peut égaler une telle révélation car la quête devient alors intérieure et c’est tout juste ce que les arts martiaux enseignaient de plus profond lorsqu’ils se faisaient voies. Ils vous invitaient à œuvrer à rendre vos pensées lumineuses, à avoir un cœur pur, une volonté inébranlable et à faire en sorte que vos actes en soient le résultat cohérent. Fuyez les écoles qui prétendent détenir des secrets car si elles le font, c’est que leur dirigeant sont des manipulateurs.
Fermons cette parenthèse pour parler de la cinquième forme du système qui symbolise le sixième niveau d’étude. Cette forme se nomme « LOOK DEEM BOON » GWUN, la perche en 6 points et demi. Ce nom fait référence aux six angles que l’on peut couvrir avec des attaques ou des blocages lors des manœuvres spécifiques de la longue perche utilisée dans le WING CHUN combinées à une poussée continue de sa pointe vers les cibles visées. Rappelons que le Wing Chun était l’art martial des bateliers dans le sud de la Chine. Cette perche n’était autre que l’outil qu’ils utilisaient pour sonder les fonds et prendre appui sur le sol afin de pousser les embarcations. Son poids et ses techniques de maniement qui impliquaient une utilisation de l’ensemble du corps faisaient d’elle un outil de renforcement idéal. En maniant régulièrement la perche, les saisies deviennent puissantes car les jambes, le bassin, le dos, les bras et les mains s’unissent au service de gestes techniques employés dans le registre classique de la science des contrôles articulaires du Wing Chun. Ce niveau agit considérablement sur la constitution physique et le déverrouillage mécanique du pratiquant. Ce stade est également celui durant lequel on commence à apprendre à transmettre l’art.
La sixième forme qui symbolise le septième niveau d’apprentissage se nomme « BOT » JOM DOH. BOT signifie « huit », JOM signifie « tranchant » et DOH représente ici un sabre court. Il s’agit d’une forme exécutée à l’aide de deux longs et larges couteaux disposant, à la base de leur lame, d’un demi-cercle d’acier protégeant la main et d’une garde coudée. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles cette forme est nommée ainsi et les plus significatives nous indiquent d’une part que la forme contient huit sous parties dans chaque ensemble de mouvements qui la compose, et d’autre part que la position des couteaux, lorsqu’ils sont agencés ensemble pour trancher sont inclinés à 45° par rapport au sol, formant à eux deux le caractère chinois huit. On dit également que ces deux couteaux couvrent à eux seuls tous les angles d’attaque et de défense possibles. L’expression employée en cantonais pour cela est « huit zones » qui veut dire « dans toutes les directions ». Ce dernier niveau d’apprentissage permet à l’élève de pouvoir exprimer son art librement en improvisant au cours d’échanges non conventionnés mais il forme surtout l’étudiant à être capable de transmettre l’art et la tradition, à pouvoir gérer une école et à être totalement autonome dans la pratique comme dans l’enseignement.
Je ne peux m’empêcher d’attirer votre attention sur les sept marches que l’étude du Wing Chun propose à ses adeptes pour qu’ils réalisent le KUNG FU, c’est-à-dire un accomplissement de leur personne à travers l’exercice d’un art. Ces sept étapes n’ont pas été déterminées par hasard. Elles proposent une formation graduelle inspirée de l’intelligence du vivant. La vie est un processus de transmutation de l’Être. Ce processus modifie peu à peu notre corps physique ainsi que les états de conscience que nous avons de nous-même et du monde extérieur. En Asie, on considère que ce processus compte sept étapes de sept années au cours desquelles nous passons d’une conscience purement matérielle à une ouverture spirituelle.
Pour quelqu’un qui considère les arts martiaux comme de simples sports de combat, il sera difficile de percevoir non seulement la valeur symbolique de chaque niveau d’apprentissage, mais également la subtile trame qui les relie entre eux. Par contre, celui qui est capable d’entrevoir la voie que ces disciplines ouvrent, saura reconnaître le caractère initiatique de chaque élément qu’il y abordera.
Oui, le Wing Chun a bénéficié d’une construction intelligente basée sur la connaissance des étapes logiques à franchir pour former un Être sage et autonome profondément ancré dans la matière et le regard orienté vers la splendeur céleste.
Autrefois, nous avions des rites de passage pour marquer nettement les transitions entre les étapes de vie. Ils constituaient des repères et impliquaient des engagements pour vivre en harmonie avec les cycles naturels de la vie. Ils permettaient d’accéder à de nouvelles responsabilités, de nouveaux axes de travail personnels. Ils permettaient également d’enterrer les anciens aspects et les modes de vie d’un moi dépassé. Les épreuves qui, dans le Wing Chun, clôturent l’étude d’un niveau d’apprentissage font office de rites de passage.
En guise de conclusion je souhaite rappeler que Wing Chun signifie printemps radieux. Au-delà de la légende qui attribue ce nom à une hypothétique et symbolique jeune fille, il est surtout synonyme d’une flamboyante renaissance et ce n’est d’ailleurs pas par hasard que son emblème est la fleur de prunier. Les fleurs de pruniers annoncent le printemps, le retour de la vie. J’aime et je chéris l’idée que lorsque l’on entre dans une école d’arts martiaux, c’est pour donner une nouvelle direction à sa vie et suivre un processus de transmutation pour renaître et vivre sur de nouvelles bases directement inspirées par les sagesses ancestrales Chinoises. Celles qui donnait les clés d’une existence sans lutte. Alors pourquoi apprendre à combattre pour trouver les clés d’une vie sans lutte me direz-vous ?
Peut-être simplement pour être capable d’affronter celui qui nous empêche quotidiennement d’y accéder…